A visage découvert

4 novembre 2001

La voix Du Nord – Dimanche 4 Novembre 2001

Lynda Lemay (est) dans l’intimité Qui se cache derrière « la plus croustillante des Québécoises » ? La belle au million d’albums vendus nous offre une nature profonde après trois soirs complets à Lille.
On a l’impression que le monde peut tourner à la vitesse qu’il veut, dans la direction et de la manière qu’il veut : Lynda Lemay a le sien, de monde, et c’est vraiment l’essentiel à ses yeux. La voilà désarmante (c’est le mot qui convient).
Elle nous reçoit au Novotel de la rue de Tournai à Lille où elle aura séjourné le temps de faire « tomber en amour » trois théâtres Sébastopol pleins à craquer. Trois premiers jours de novembre en Flandre avant une semaine à guichets fermés à l’Olympia et après ses deux premiers concerts à Troyes, où elle a retrouvé Charles Aznavour, celui qui a vanté son originalité et sa pertinence, un parrain spécial pour le petit coup de pouce à sa « filleule dans le métier »… Charles Aznavour… Lynda Lemay ouvre grand ses beaux grands yeux. La chanteuse est en tournée avec la France au tableau d’affichage et ses « maudits Français » au tableau de chasse sentimental.

L’arène de coeur

« La scène est mon arène », dit-elle. Ce qu’il y a autour la rappelle à son insouciance.
A-t-elle pris le temps de se promener un peu dans les rues Lilloises ? « Quand je tourne, je ne sais pas où je suis. A l’Est, à l’Ouest, au Nord ou au Sud. Je n’ai aucun repère. Ah si, je suis allée à Bruges, j’ai trouvé ça ben joli. C’est ma première tournée où je ne suis pas toujours en voyage tous les jours. N’étant pas toujours sur les routes, je pourrai peut-être sortir un peu. » Grand sourire. La jeune femme semble épanouie.
Très vite, la conversation s’oriente vers sa propre intimité. Pas celle de sa vie amoureuse (Laurent Gera croisé dans l’hôtel dix minutes avant l’entretien – heureux hasard ?…).
Mais sa famille. Encore et toujours sa famille. Une place immense dans son coeur et dans ses concerts. Les chansons évoquent son père, sa mère ou sa « petite chouette » de Jessie, 4 ans, chez son papa en garde partagée au Canada, le temps que maman achève sa tournée. On se retrouvera après l’Olympia, le temps d’un rapide aller-retour, mais Lynda souffre de la distance.

Ses petites histoires

« Comme elle me manque, j’en parle très souvent. Mes chansons sont souvent très personnelles et j’écris pour me faire du bien. Je crois d’ailleurs que c’est ce que le public apprécie. Il se reconnaît dans mes petites histoires.»
Ce sont des ritournelles ou des drames, tranches légères d’une vie heureuse ou souffrances épaisses face à la mort ou au handicap.
« Je ne m’occupe pas de politique, d’histoire ou de géographie. Cela ne m’intéresse pas. Je préfère décrire ce qui se passe autour de moi, c’est la vie de tous les jours qui m’inspire. Je suis parfois surprise des thèmes que j’aborde (comme la centenaire condamnée à vivre, par exemple) mais je suis l’instinct de mon écriture, toujours très spontanée. » Et pour écrire, elle écrit.
Plus de 500 chansons dit-elle (« J’en ai plein mes tiroirs, j’écris dès que je peux »).
« Je griffonne sans arrêt et souvent la musique me vient en même temps que les paroles. Il y a pourtant des exceptions, comme pour le titre « Chéri tu ronfles ». Tout est parti du titre, cela m’amusait. J’ai du composer la musique par la suite, ce qui ne fut pas évident. »

« Mon public… »

Lynda Lemay est passée en deux ans du Sentier des Halles à l’Olympia. Les salles plus grandes comme le Zénith ne l’intéressent pas. « Je veux être le plus près possible de mon public. Je suis désemparée sans lui. En fin de spectacle, j’aime m’asseoir au bord de la scène et chanter avec quelques personnes, les yeux dans les yeux, et se nourrir des émotions qu’on se renvoie.
Vous comprenez, je n’ai pas une grande voix comme Céline Dion ou comme Isabelle Boulay (que j’adore). Quand je monte une note très haut, ça redescend vite ! Mais je me débrouille et je pense que les gens privilégient
mon état d’esprit, ma façon d’être. » C’est sûr.  En tout point, Lynda Lemay est une femme d’intimité. « Une nature profonde », disent ses meilleurs critiques. Elle qui adore la France est toujours en pensée au sud de Montréal, près du fleuve Saint-Laurent au bord duquel elle a bâti une maison qui ressemble à celle de son enfance. Pas question d’abandonner l’accent dans ses chansons, comme Céline Dion ou d’autres.
Mais vivre sa carrière internationale en Québécoise. Comme une marque de fabrique.
– Lynda Lemay a 32 ans. Elle a deux soeurs et a passé une enfance très heureuse à Portneuf, au Québec. Première chanson à 9 ans (pour l’anniversaire de son papa). Fan de Johnny Hallyday à 17 ans. Sa maman contacte les maisons de disques…
– 1988 : elle rencontre Claude Lemay, directeur musical de Céline Dion. Il devient son arrangeur. C’est un tournant dans sa jeune carrière.
– « Du coq à l’âme », son dernier album, est vendu à 300 000 exemplaires. Un nouveau « live » (après celui de 1999) sortira en septembre 2002 avec une quinzaine de titres nouveaux.