De l’Humour à l’amour

5 novembre 2003

Télémag – 5 novembre 2003

Lynda Lemay

TM : Question que tout le monde se pose… Vous êtes une grande fan de Johnny Hallyday, est-ce ainsi que Laurent Gerra vous a séduite ?
Lynda Lemay : (rire) Oui, effectivement, j’adore Jonnhy Hallyday depuis toujours, j’ai d’ailleurs écrit une chanson sur ma première rencontre avec lui… Son imitation me fait rire bien sûr (rire). Pour le reste, je préfère ne pas en parler…

TM : Vous êtes effectivement un personnage très discret…
L.L. : Je suis devenue encore plus discrète. Je ne suis pas une vedette qui veut à tout prix exister dans les journaux. Ce qui compte pour moi, c’est qu’il y ait des gens à mes spectacles qui aiment ce que je fais. Car l’endroit où je suis le mieux, c’est sur scène et chez moi avec ma fille Jessy. Elle commence d’ailleurs à voir et à comprendre ce qu’est la célébrité. Mais je donnerai toujours la priorité à ma fille. C’est une petite fille qui a beaucoup de passions dont l’écriture. Je suis heureuse de lui avoir légué cela…

TM : Vous êtes très famille et d’ailleurs vous travaillez en famille…
L.L. : Oui, en fait, je suis ma propre manager. Mon bureau est dans le sous-sol de chez moi. Mon bras droit est ma soeur. Mes parents s’occupent du courrier et mon autre soeur de mon site internet.

TM : Vous avez conquis le coeur des Français. Comment expliquez-vous un tel succès ?
L.L. : Je pense que je suis arrivée avec un style de chansons peut-être démodé, vieux, mais dont le public était demandeur. En fait, je suis plus une raconteuse d’histoires qu’une chanteuse à voix.

Lynda Lemay

TM : A vos débuts justement, il paraît que l’on vous a demandé de changer votre style et vous ne l’avez pas fait. N’avez-vous pas eu peur que cela vous empêche d’avancer ?
L.L. : Quand j’étais petite, je n’ai jamais rêvé de devenir chanteuse. Je voulais juste écrire, alors je n’ai jamais eu peur de ne pas devenir célèbre. C’est vrai, on a voulu me faire changer, car je n’étais pas dans le bon format (rire). Mais même si j’avais voulu, je n’aurais pas su changer… je ne sais pas dandiner mon corps, enfin sauf dans certaines situations ! (rire). Je suis une chanteuse populaire, et les gens qui viennent me voir sont des gens qui me ressemblent.

TM : On vous compare souvent dans votre écriture ou dans votre style, à Georges Brassens et Barbara… qu’en pensez-vous ?
L.L. :Ça me touche et ça me met presque mal à l’aise que l’on fasse une telle comparaison. Alors je me dis que je suis seulement sur la bonne voie, que j’ai raison d’y croire.

TM : Le viol, le suicide, l’adultère… La majorité de vos chansons ont pour thème de nombreux tabous, aussi bien masculins que féminins. Est-ce de la provocation ?
L.L. : J’aime bien briser le silence, parfois ça choque, ça dérange, mais en même temps ça libère, comme une thérapie. Je pense qu’il y a beaucoup de vérité dans mes chansons. Je n’aime pas rester dans le tiède. J’écris sur mes frustrations, mes envies… j’écris comme je suis. Souvent quand on jette dans une chanson ce qui nous rend malheureux, ça fait du bien.

TM : Comment faites-vous pour écrire aussi justement des situations que vous n’avez pas forcément vécues ?
L.L. : Je reste connectée à la vie, ce qui me permet d’écrire ainsi. Je me sens loin de rien… j’ai l’impression que tout pourrait m’arriver. C’est un feeling, des vibrations qui m’atteignent. Je prends du plaisir à écrire, à décortiquer les relations humaines. J’essaye d’aller à l’essentiel. Je m’oblige à aller au bout de ce que j’amorce.

Lynda Lemay

TM : Avez-vous envie d’écrire pour d’autres artistes ? Ou dans une autre langue ?
L.L. : Je pense que non, ma façon d’écrire est assez personnelle. Il faudrait que je change ce style d’écriture et ce n’est vraiment pas évident à faire comme travail. J’aurais plus envie d’écrire un roman, quelque chose de plus personnel. Je travaille actuellement à l’écriture d’une sorte de comédie musicale. Une autre langue ? Impossible. J’aime trop écrire en français, avec ses mots. Mais si j’avais à chanter dans une autre langue, je pense que se serait l’italien.

TM : Quel regard portez-vous sur votre vie aujourd’hui ?
L.L. : Je pense avoir réussi dans la vie et dans ma vie. Je connais mes besoins, je fais attention aux gens qui m’entourent et je sais que la méchanceté peut exister. Mes amis se sont essentiellement ma famille de tournée, cette complicité là est très précieuse. J’ai conscience que je suis dans une belle période de ma vie…