Inédite Lynda Lemay

5 mai 2002

Cyberpresse Canada – 5 mai 2002

Lynda LemayEnregistré à l’Olympia de Paris, son sixième disque, Les Lettres rouges, compte 17 inédites… sur 18 chansons. Et même un cours de Québécois à l’attention des Français !

Été 1991 : une jeune auteure-compositeure-interprète nommée Lynda Lemay, dont on sait seulement qu’elle a remporté un prix au Festival de Granby, lance son premier album, Nos rêves. Rue Saint-Denis, dans un bar baptisé La Bibliothèque si mes souvenirs sont exacts, c’est donc soir de lancement.
Et voici que s’avance une longue blonde avec une guitare en bandoulière et, à la bouche, les mots suivants, tout simplement incroyables de la part d’une nouvelle venue: «Je vais d’abord vous chanter une chanson… qui ne se trouve pas sur l’album!»

Depuis, Lynda Lemay a lancé cinq autres albums, vendu des centaines de milliers d’exemplaires ici et en Europe, multiplié les représentations sur scène, chanté des dizaines de chansons, dont l’éditeur en France est un certain Charles Aznavour ! Depuis, elle n’a jamais manqué d’interpréter quelques inédites en spectacle, qui ne se trouvent sur aucun album. Depuis, Lynda Lemay est devenue un phénomène.

C’est justement ce dont témoigne à plus d’un titre Les Lettres rouges, son sixième disque, en magasin à compter de mardi, enregistré lors de récitals en Europe et déjà classé en première position des ventes en France une semaine après sa sortie là-bas (devant le disque de Céééééline!). Ah oui, j’oubliais: il compte 17 inédites sur 18 chansons!

« Ben oui, mais c’est normal, s’exclame Lynda Lemay. J’ai chanté à l’Olympia en avril (2001) et j’y suis retournée six mois plus tard, j’allais quand même pas chanter juste des chansons que le public connaissait déjà! En plus, j’ai toujours aimé tester mes chansons sur scène, voir si elles font réagir, si elles dérangent, parce que c’est là mon objectif. Bref, pour l’Olympia, je me suis dit que j’allais chanter des anciennes nouvelles… et, tant qu’à faire, d’autres nouvelles ! »

D’où ces 17 inédites, plus Du coq à l’âme, chanson-titre de son précédent album, lancé en octobre 2000 et certifié platine (100 000 exemplaires vendus) neuf mois plus tard. Tout comme sont certifiés platine à peu près tous ses albums, qui cartonnent ici et ailleurs: on estime que Lynda Lemay a déjà vendu plus d’un million d’album au Québec et en Europe à ce jour.

« Je tenais à ce que ce soit un album enregistré en spectacle parce que c’est Live (lancé en janvier 1999) qui m’a fait connaître en France, reprend l’artiste de 35 ans. On a donc enregistré les shows de l’Olympia en avril et novembre et j’ai réécouté les bandes en janvier dernier pour voir si ça allait _ les chansons, les mélodies et les textes de lien que j’écris toujours à l’avance. Et ça allait! J’ai une carrière de scène plutôt qu’une carrière de radio là-bas. Et j’aime ça: je trouve que ça entretient un certain mystère autour de moi. La seule façon de me connaître, c’est sur scène. C’est par le bouche à oreille que le public est venu à moi. Et du coup, ici comme là-bas, les gens n’aiment pas une seule chanson, mais tout mon répertoire. »

Rien de vantard ou d’arrogant dans l’attitude de Lynda Lemay. Simplement, elle constate, s’en montre ravie et continue à «mettre les priorités à la bonne place», à savoir ne pas s’épuiser, avoir du plaisir, être présente pour sa fille Jessie. Et puis, écrire. Et puis, être elle-même, c’est-à-dire une Québécoise qui a du succès ici et en Europe. Au moment où vous lirez ces lignes, elle sera tout juste de retour d’une tournée de 12 spectacles en France. Je me demande bien si elle leur a chanté une chanson qui n’est pas encore endisquée… «Certainement, elle s’appelle De l’autre côté de la vitre, répond Lynda en riant.

Les lettres rouges

Les Lettres rouges bénéficient certainement de la pochette la plus sensuelle de toute la discographie de Lynda Lemay.
Dans une robe qui a des allures de combinaison-jupon rouge, Lynda a le crayon à la main et le sourire aux lèvres. « C’est le décor de mon spectacle, qui reproduit ma chambre à coucher, explique-t-elle. Et c’est ma propre robe rouge û moi qui d’habitude n’aime pas le rouge – avec un crayon et du papier. Je ne peux pas être plus à la maison que ça! »

Au nombre des chansons, on remarquera entre autres L’Enfant aux cheveux gris, qui semble un hommage à Charles Trenet, avec ses 29 secondes de Y a d’la joie. «C’est en fait un hommage à Henry Weil. Un soir, il est venu me voir en spectacle et c’est lui qui a appelé Alexandre Jardin (auteur notamment du Zèbre et grand admirateur de Lynda Lemay) pour lui dire de venir me voir. Henry était une incarnation de la joie de vivre et c’était un fan très fidèle. Il est mort un mois avant Trenet… et sa famille est venue le remplacer dans les salles, pour m’encourager. Je l’aimais beaucoup et c’est ma façon de le lui dire.»

Autre chanson en forme de coup de chapeau: Johnny, comprenant 53 secondes de Johnny, reviens, en l’honneur de Johnny Hallyday, bien sûr, dont Lynda est une fan absolue. «Le 20 août 2000 au théâtre Saint-Denis est une des plus belles dates de ma vie, dit-elle. J’ai rencontré Johnny après son show, il m’a touché la main, oh mon dieu!»

Dans la veine humoristique de La Visite, on remarquera»cm+it» J’veux pas de chien («En France, je te dis qu’ils la prennent au premier niveau, celle-là, ils les aiment, leurs chiens. Tu devrais voir les réactions quand je donne un coup de pied dans un toutou, sur scène! »), Bande de dégonflés sur les pannes de désir chez l’homme et… Bande de dégonflantes, réponse desdits dégonflés! Même comique dans Gros Colons, seule chanson enregistrée au Québec et «que ma mère n’aime pas que je chante».

Impossible d’ignorer également la piste cachée à la toute fin du disque, qui est un cours de Québécois 101 à l’intention des Français: «Je trouvais ça utile pour mesurer ce qu’ils comprenaient ou non dans ce que je disais», explique Lynda Lemay, consciente par ailleurs que le public de France commence à se lasser un peu de tous ces artistes québécois qui squattent les meilleures places du palmarès. «D’ailleurs, il y a en a qui m’appellent Lynda Boulay et d’autres qui parlent d’Isabelle Lemay (rires). Et je comprends tout à fait les Français de réagir comme ça û imagine si ça arrivait ici, on ne la trouverait pas drôle. Mais je ne peux pas dire que ça m’énerve beaucoup, parce que je ne suis pas hyper-médiatisée, on ne me voit pas souvent à la télé et on ne m’entend pas beaucoup à la radio. Quand il m’arrive de faire une télé, les gens sont habituellement contents d’enfin me voir.»

Toujours très portée sur la scène, Lynda Lemay sera en spectacle au Québec cet été, à l’occasion de festivals et d’événements spéciaux. Elle retourne ensuite à l’Olympia cet automne û où on ajoute semaine de supplémentaires sur semaine de supplémentaires…

Mais avant tout cela, elle va prendre le temps d’être en vacances avec sa fille et de faire un peu de ménage: « J’ai envie de réécouter mes vieilles cassettes, de jeter un coup d’oeil dans mes vieux cahiers reliés et ainsi peut-être redécouvrir certaines chansons, pouvoir en donner certaines à des interprètes qui m’en demandent. Peut-être même que je pourrai faire un coffret de mes premières chansons mais réinterprétées. Mais ce dont j’ai le plus envie, c’est de faire un recueil de mes textes qui ne se prêtent pas à la mise en musique. On me dit toujours que je fais des textes de chansons trop longs. Bon, ben là, dans un recueil imprimé, ils seront juste de la bonne longueur! »