10 septembre 2010
L’Humanité 10 septembre 2010
Souriante et radieuse, la chanteuse québécoise était de passage cette semaine à Paris. Elle revient avec Blessée. Un album «entre rires et larmes», où elle est tour à tour émouvante, drôle, bouleversante.
Lynda Lemay est une artiste qui aime raconter des histoires de tous les jours à travers ses chansons. Émouvante, drôle ou bouleversante, la chanteuse québécoise revient avec Blessée, un opus « entre rires et larmes », confie Lynda. Un album enregistrer live qui comprend dix-huit chansons dont treize inédites. La chanteuse qui avait été contrainte d’annuler une série de concerts, en avril dernier, pour cause d’éruption volcanique en Islande, sera sur scène entre novembre et décembre. En attendant un prochain Olympia, sûrement en 2011.
Quel sens donnez-vous à la chanson Blessée, le titre de l’album ?
Lynda Lemay. J’ai voulu écrire sur les blessures qui ne cicatrisent jamais, comme par exemple, la blessure de ne pas avoir été aimé par ses parents. Un enfant ne peut pas accepter que sa mère ou son père ne l’aime pas ou l’aime mal. Ce sont les blessures de l’enfant qui recherche cet amour-là s’il en a été privé. C’est pour ça que j’ai voulu cette photo de l’album où je suis debout sur des décombres, qui représentent un peu toutes les blessures du monde.
C’est le douzième opus de votre carrière que vous avez tenu à enregistrer en public. Pourquoi ce choix ?
Lynda Lemay. L’émotion, c’est le moteur de ma vie. Ce qui me rend heureuse, au bout de vingt ans de carrière, c’est d’avoir réussi à garder l’inspiration que j’avais à mes débuts. J’ai encore la même passion, la même spontanéité dans l’écriture. Je suis très empathique de nature. Cet album-là, je l’appelle « l’album du public » car plusieurs thèmes m’ont été proposés par les gens qui viennent me voir après le spectacle. Je pense à la chanson Jumelle, qui parle de toutes les âmes sœurs, ces êtres inséparables qui sont un peu comme les deux parties de la même personne. Il y a aussi J’ai rencontré Marie, une chanson sur l’homosexualité féminine et la difficulté de dire encore aujourd’hui les choses à cause des tabous qui existent.
Ce sont des sujets assez lourds, que vous interprétez néanmoins avec une certaine légèreté. Manière de ne pas sombrer dans le pathos ?
Lynda Lemay. J’aime décortiquer l’âme humaine. Souvent, je le fais sur le mode de la moquerie, avec sarcasme, pour dédramatiser des choses qui ne sont pas toujours drôles. Souvent, c’est la peur qui me fait écrire. La peur de ce qui peut éventuellement m’arriver. Je le chante, dans Ma chaise en rotin, une chanson pour dire que la santé est quelque chose de précaire. Il faut vivre dans le moment présent et apprécier ce qu’on a. On ne sait pas ce que la vie peut nous réserver.