Lynda Lemay chanteuse hors normes

2 janvier 2004

Le progrès – 2 janvier 2004

Lynda Lemay Star Academy - 10 novembre 2006La Canadienne, qui se dit raconteuse d’histoires plutôt que chanteuse, sera de passage à Saint-Étienne le 9 janvier. Elle partagera avec le public ligérien Les Secrets des oiseaux et surtout un grand moment de bonheur.

Septième album en douze ans de carrière, Les Secrets des oiseaux, prouve que l’inspiration de Lynda Lemay, Victoire de la musique de la meilleure artiste-interprète de l’année 2003, est loin d’être tarie. Le 9 janvier, la pétillante chanteuse canadienne, qui partage son temps et sa vie entre l’Europe et Québec, fera une pause à Saint-Étienne.
Une bien belle surprise pour le public français qui pensait ne pas revoir l’artiste en ce début d’année. En effet, Lynda Lemay avait annoncé vouloir s’offrir une année sabbatique. Mais l’ennui du public et de la scène ont été plus forts et l’ont poussé à revenir plus vite. C’est ce que la chanteuse nous a déclaré au téléphone dernièrement. « Je reviens avec un nouvel album, une tournée et, en projet, un opéra-folk qui sera terminé fin 2004 ».
Ses nouvelles chansons sont emplies d’humour et de sensibilité, tout en restant sur cette ligne qui a déjà fait ses preuves et qui nous fait passer du rire aux larmes. Elle égratigne, décortique les petits travers de ses semblables d’une manière qui nous rappelle, dans un autre registre, Claire Brétecher ou un certain Laurent Gerra.

Vos chansons ont pour thèmes de nombreux tabous. Est-ce de la provocation ?

« J’aime briser le silence. Ça choque, ça dérange parfois, mais en même temps cela libère. J’essaie de transformer des choses pas très jolies en poésie. Je pense qu’écrire sur le malheur est la seule façon de le rendre moins moche ».

Vous épinglez tout le monde : les célibataires, les bébés qui sentent à plein pif, les épouses avec leurs seins rassis comme du pain oublié au coin d’un évier. N’est-ce pas cruel ?

« Ce n’est pas du tout de la cruauté, mais plutôt de la lucidité. Une façon de se préparer à la réalité. C’est peut-être la peur qui me fait écrire cela. Je suis une maman ; je vieillis comme tout le monde.
Pour les bébés, lorsque je faisais du baby-sitting, je me rappelle cette odeur particulière du nourrisson qui m’écœurait quelque peu. J’ai écris cette chanson en pensant à cela, et il faut l’écouter en “odorama”. Un bébé, c’est magnifique quand c’est le sien et je me moque des parents qui vous affirment que leur enfant est le plus beau, sans voir les boutons sur son visage. Ils veulent absolument partager ce qui n’est pas partageable. Et j’ai sans doute fait subir cela aux autres, avec ma fille Jessie. En fait, je chante tout haut ce que certains pensent tout bas ».

Où trouvez-vous votre inspiration, car vous n’avez pas vécu toutes les situations ou les anecdotes que vous mettez en musique ?

« Je reste connectée à la vie quotidienne, donc cela m’inspire. Je mène de front mon rôle de maman et ma vie d’artiste. Lorsque je suis avec ma fille, dont j’ai la garde partagée, je suis une mère comme toutes les mères et je me consacre entièrement à Jessie. Mes journées sont semblables à celles de millions de femmes. Cela me permet de garder les pieds sur terre et de ne pas prendre la grosse tête.
Depuis toujours, je prends plaisir à écrire, à disséquer les relations humaines. Suivant mon humeur, mes textes sont drôles, mélancoliques. Pour moi, l’écriture c’est comme un jeu. J’aborde tous les sujets d’actualité, même les plus graves, et j’essaie de traduire quelle serait ma réaction devant certaines situations ».

Est-ce ce style direct qui a séduit les Français ?

« Je pense que le public était demandeur de ce style de chansons. A textes. En fait, je pense que je suis plus une raconteuse d’histoires qu’une chanteuse à voix ».

A la fin de vos concerts, vous offrez au public ce qu’aucun artiste ne donne plus : une séance de dédicaces. Pourquoi ?

« Sans le public, je ne serais rien. Je suis reconnaissante envers toutes ces personnes et je pense que je leur dois bien ce moment de partage. Leur présence me fait du bien et me donne force et inspiration. Je les en remercie ».