Lynda Lemay et son 50° Olympia

26 avril 2009

La Presse Canadienne

Lynda Lemay OlympiaDix ans après ses débuts en France, Lynda Lemay a donné en fin de semaine son 50e spectacle à l’Olympia de Paris.

Pour un artiste québécois, il s’agit d’un record, que peu d’étrangers peuvent par ailleurs revendiquer. Pour ce qui est des Français, les précédents sont beaucoup plus nombreux. Avec 113 représentations à guichets fermés, Michel Sardou serait le chanteur qui se serait produit le plus souvent dans le mythique music-hall du Boulevard des Capucines, un titre qu’il aurait ravi au légendaire Gilbert Bécaud.

En même temps, ces statistiques ne veulent plus dire la même chose qu’autrefois. Charles Aznavour ou Céline Dion pourraient remplir l’Olympia pendant des semaines s’ils le voulaient, mais il est évidemment plus rentable de se produire au Palais des congrès ou à Bercy.

Lynda Lemay, en revanche, a ses habitudes à l’Olympia et ne compte pas les abandonner. Question de fidélité, d’équilibre et d’image aussi, sans doute, la salle convenant parfaitement à son statut de «chanteuse à textes».

Dès le début du spectacle (le dernier d’une série de quatre), la Québécoise avait prédit samedi une «soirée magique». Au premier rang, ses admirateurs les plus fidèles ont alors agité des drapeaux du Québec et des banderoles. Mais au fond, même s’il y avait un peu plus d’électricité dans l’air, l’ambiance n’a pas été si différente des autres soirs.

À chacun de ses passages à l’Olympia, Lynda Lemay a en effet connu un triomphe. Cinquante Olympia, 50 triomphes: la règle ne s’est jamais démentie, pas plus que ne s’est démentie la popularité de la Québécoise en France depuis dix ans.

Sans jamais passer à la radio, ou presque, la Québécoise a vendu environ quatre millions de disques en Europe. «Allô, c’est moi «, son 11e album, se serait déjà écoulé à 120 000 exemplaires, ce qui a valu à Mme Lemay un disque d’or samedi soir sur la scène de l’Olympia.

En France, Lynda Lemay a bien sûr ses détracteurs, qui lui reprochent ses textes au premier degré, son penchant pour le mélo ou la lourdeur de ses rimes (Qui d’autre oserait faire rimer «courage» avec «sophage»?). Mais elle a surtout un public d’admirateurs inconditionnels qui lui vouent un véritable culte. C’est tout sauf «branché». Samedi soir, il n’y avait ni «pipoles» ni vedettes à la 50e, et pas davantage sur le bateau-mouche où on a célébré ce record la nuit venue. En revanche, il y avait des amis et une dizaine de fans, a-t-on indiqué, qui suivent la Québécoise depuis ses débuts dans tous ses déplacements.

Avec tout ça, l’auteur des «Souliers verts» apparaît aujourd’hui comme une des valeurs québécoises les plus sûres et les plus constantes de la scène française. Comment expliquer ce phénomène? « Pour expliquer la popularité de Lynda Lemay, a avancé le journal Le Figaro la semaine dernière, il faut aller chercher à la fois dans la tradition des chanteuses réalistes et dans la simplicité, l’authenticité d’une femme moderne, sans tabous, qui met sa plume au service de la cause féminine, sans être féministe .»

Lynda Lemay conclut mardi en Belgique une tournée qui l’aura conduite dans 24 villes depuis janvier. Chaque mois, elle rentrait à Verchères pour retrouver homme et enfants. Ces allés-retours, elle les évoque d’ailleurs dans «Entre deux paradis», une chanson qu’elle a adressée samedi à ses admirateurs français. Elle les retrouvera en septembre prochain, alors qu’elle entreprendra une nouvelle tournée de trois ou quatre mois à travers l’Europe francophone.