Lynda Lemay : Je suis fière de mon gang !

7 juin 2005

Le Figaro – 7 juin 2005

Un éternel hiver Lynda Lemay

Depuis 1988, Lynda Lemay s’est imposée dans notre paysage musical. A l’inverse de ses compatriotes, la jolie Québécoise a mis l’accent sur le verbe plutôt que sur le «coffre» pour raconter des histoires à la fois drôles et émouvantes sur les petits et grands bobos de la vie. Et histoire de remercier le public français qui l’a si bien accueillie, elle a choisi notre pays pour créer un opéra-folk dont elle a signé les textes, la musique et la mise en scène. Rencontre avec une artiste qui s’émerveille encore de son succès en avouant : «Je suis une fille tout à fait ordinaire!» Une confession à ne pas prendre au pied de la lettre.

LE FIGARO. – Quatre représentations à Paris, c’est peu ?

Lynda LEMAY. – C’était un défi et je ne savais pas comment le spectacle serait perçu.

Le succès en province vous a-t-il rassurée ?

Je n’en reviens pas. Sur 40 dates, à part 3 ou 4 soirs où le public était un peu mou, nous avons eu des standing ovations partout ! Je crois que les gens ont été touchés parce que ce spectacle brasse les émotions. Il parle de l’amour, des rapports difficiles entre parents et enfants, de l’alcoolisme, de la maternité, de la violence…

A l’instar de votre tour de chant habituel ?

C’est vrai. Et comme d’habitude j’ai essayé de contrebalancer les moments dramatiques avec de l’humour. Nous allons loin dans la psychologie des personnages. Et, sans me vanter, ce qui rend ce spectacle spécial, c’est sa poésie.

Et le casting ?

Vous ne pouvez pas savoir comme je suis fière de mon «gang» ! Ils sont tous québécois et nous avons hâte de présenter ce spectacle chez nous. Il y a Daniel Jean, qui me suit déjà en tournée, Fabiola Toupin, qui peut chanter dans tous les registres. Manon Brunet, une grande chanteuse de blues, très populaire au Québec. Et, enfin, Yvan Pedneault. Il est arrivé le dernier jour des auditions et lorsqu’il a commencé à chanter, j’ai su que j’avais trouvé le gars qui serait mon fils.

Justement, vous n’êtes pas un peu jeune pour jouer la mère de ce grand garçon ?

Pas du tout ! Dans le spectacle, le personnage que j’incarne a 41 ans. Et, en juillet prochain, j’attaque ma 39e année. La seule chose qui me désole, c’est que j’ai l’impression que j’ai trop de projets pour le temps qu’il me reste !

Lesquels ?

Je vais quand même prendre un été sabbatique avant la tournée québécoise. Mais après, il y a le CD de l’opéra qui devrait sortir pour les fêtes. J’ai travaillé sur Un éternel hiver à temps partiel, durant trois ans, entre deux albums et une longue tournée. Aujourd’hui, cela me démange de refaire mes petites chansons. Pour ma prochaine tournée, j’ai imaginé un show acoustique, très proche du public, comme à mes débuts. Et je vais également sortir un double album de chansons que je n’ai jamais enregistrées et qui dorment dans mes tiroirs. Et, comble de bonheur, j’ai appris que l’opéra-folk est tellement bien accueilli que nous revenons pour une tournée à Paris et en province, à partir de mars 2006, jusqu’en juin.

Pas de problèmes pour la mise en scène ?

Je la faisais déjà pour mes spectacles. J’ai construit ce show pour qu’il ne soit pas trop loin de moi. Il y a très peu de décors et j’ai enlevé tout ce qui me paraissait superflu. Ici, ce sont les mots qui ont la vedette.

Pourquoi avoir choisi le terme d’opéra-folk ?

Je ne voulais pas parler de comédie musicale. Je n’ai pas le talent pour faire un truc comme Notre-Dame de Paris. Il y a dans ce spectacle un côté country mais cela va également vers le blues, le rock et un peu le jazz. Tout ça sonne très folk. Et c’est un opéra parce qu’il y a trois actes et que tout est chanté, du début à la fin.

Il y a également de vrais musiciens sur scène ?

Je suis incapable de chanter sur une bande son. Chaque soir, les musiciens changent leur façon de jouer et le public apprécie. Nous ne sommes pas sur le mode automatique.

Quel est le message que vous avez voulu faire passer dans Un éternel hiver ?

Qu’il faut mettre des mots sur les silences insupportables…