21 novembre 2006
21 novembre 2006
Lynda Lemay, rencontrée par Info-Culture lors du lancement de son plus récent album « Ma signature ».
« Ma signature » est le titre du nouvel album de Lynda Lemay. Voici l’entrevue qu’elle accordait à Info-Culture lors de son passage à Québec pour le lancement de son nouveau CD.
Info-Culture : On parle de votre nouvel album intitulé « Ma signature » comme d’un retour aux sources, pouvez-vous préciser ?
Lynda-Lemay : C’est un retour aux sources dans tous les sens, un peu comme s’il s’agissait d’un premier album mais avec mes 17 ans d’expérience de scène et de studio. J’aurais pu aborder les thèmes de cet album il y a longtemps. Je me rappelle quand j’avais 20 ou 23 ans, les gens me parlaient de la maturité de mes textes et me demandaient « comment tu as fait pour écrire cela? » Aujourd’hui, on me dit : « ça doit être des choses que tu as vécues » alors que je puise beaucoup dans mon imagination. Comme les albums précédents, il y a des thèmes que je privilégie, comme celui de la famille et comme j’étais enceinte au moment de faire cet album, c’est sûr que j’ai eu envie d’aborder le thème de la maternité… Il y a aussi les retrouvailles avec mon guitariste de la première heure, Yves Savard, et cela a marqué cet album.
Info-Culture : Dans la dernière année, vous avez produit un opéra folk ou vous étiez entouré d’autres chanteurs et de plusieurs musiciens, est-ce que le retour aux sources dont vous parlez n’est pas également le désir de revenir sur scène seule avec votre guitare ou entouré de très peu de musiciens ?
Lynda-Lemay : Oui, c’est vrai qu’après l’expérience de l’opéra, qui se déroulait dans le cadre d’une pièce de théâtre chantée, je suis allé au plus loin de ce que je sais faire dans une expérience de groupe tout en demeurant dans ce que j’aime faire… habituellement je suis très solitaire dans mon travail. À la fin de cette expérience, j’ai eu envie de revenir à l’opposé complètement. C’est peut-être ce qui a fait que je suis revenu à ma guitare et à Yves Savard. Dès qu’il gratte sa guitare à la mienne, il y a une explosion, c’est comme magique.
Info-Culture : Lorsque vous écrivez, pensez-vous en termes de poésie et d’émotions à transmettre ou en termes de textes engagés et porteur de messages, de réflexions ?
Lynda-Lemay : C’est plus du côté de l’émotion, c’est ce qui me guide. Il n’y a rien de calculé donc je ne peux pas dire vraiment si mes textes sont engagés ou non mais s’ils le sont dans l’esprit des gens, ce n’est pas le but poursuivi. Si mes textes font réfléchir, c’est que moi j’ai une réflexion sur tel ou tel sujet et après si ça provoque des conversations entre les gens… c’est merveilleux. Ça veut dire que les gens se sont intéressés aux sujets que j’ai abordés, que j’ai trouvé les bons mots pour les faire réagir. Mais au départ, c’est très égoïste comme façon de faire, c’est réellement parce que moi ça me fait du bien, ça me libère d’une peur qui m’habite et je la transforme en poésie parce que c’est ma passion.
Info-Culture : Vous avez à votre actif une quantité impressionnante de chansons et vous semblez n’être jamais en panne d’inspiration, comment faites-vous ?
Lynda-Lemay : Je crois que c’est une chance que j’ai d’avoir cette flamme d’inspiration qui est encore bien vivante à l’intérieur de moi. Je l’ai tellement souhaité. Je ne sais pas si tu te rappelles de mon premier album… je parlais dans une chanson qui s’appelle La veilleuse que je m’étais projeté dans le futur jusque dans la vieillesse. J’avais imaginé ma vie et je me voyais avoir une vie sans enfant, sans mari, sans hommes qui seraient restés dans ma vie. Je me voyais seule dans la vieillesse avec comme seule richesse cette flamme de l’inspiration encore bien vivante que j’amènerai avec moi sous la terre… Aujourd’hui j’ai 40 ans et je me suis bien fait mentir puisque j’ai deux enfants, une belle famille, mais je ne m’étais pas trompé sur le fait que la flamme de l’inspiration ne m’a pas encore quitté. On croise les doigts !
Info-Culture : Comment faites-vous pour durer alors que le foisonnement incroyable de nouveaux talents donne l’impression que le public a toujours l’opportunité de découvrir une nouvelle voix, un nouveau look ?
Lynda-Lemay : Oui mais c’est une belle fidélité de la part du public. Je crois que ça va avec la qualité des albums qu’on offre car on ne pourrait pas tromper le public si jamais je n’avais plus rien à dire. J’ai du plaisir à écrire ma poésie et à la livrer sur album ou sur scène. Autrement les gens m’auraient abandonné. Je crois que la passion est contagieuse et quand j’arrive sur une scène, j’ai le même plaisir qu’il y a 20 ans. C’est une sorte de complicité avec le public.
Info-Culture : Alors que la mode est aux humoristes qui deviennent acteurs, aux acteurs qui deviennent chanteurs, est-ce que vous vous voyez un jour dans un autre rôle que celui d’auteur compositeur interprète ?
Lynda-Lemay : Non, pas du tout. Je me suis fait poser la question et je me suis fait faire des offres mais non, je ne me sens pas ce talent. Autant je deviens comédienne quand j’interprète des chansons sur scène, autant si on m’arrache à mes chansons, qu’il faille que je m’abandonne au spectre de quelqu’un d’autre et qu’on m’enlève mes mélodies en plus ! Non ! Je me dis qu’il y en aurait des bien meilleures que moi, alors je laisse la place à ceux qui savent bien faire cela et je me contente de faire ce que je sais faire.